P y g m a l i o n

Personnage fascinant du 17eme siècle anglais, le Captain Tobias Hume était un violiste et compositeur inspiré, mais avant tout un militaire de carrière apprécié pour ses talents sur les champs de bataille, aux côtés des armées suédoises, anglaises ou russes. Ce programme à deux violes à pour cœur quelques-unes de ses pages les plus épiques et les plus douces, entrelacées de fantaisies à deux d’Orlando Gibbons, Ambrose Lupo et Michael East.

 

Tobias Hume nous laisse deux livres de pièces pour une, deux et trois violes, contenant quelques pièces vocales. Captaine Humes Musicall Humors, the first part of ayre, édité en 1605 et Captaine Humes Poeticall Musicke édité en 1607. Sa musique est avant tout de caractère, même si composée sur des bases de danses comme des pavanes, gaillardes et allemandes, avec beaucoup de références à l'armée, de par l'imitation des trompettes, des tambours, des marches militaires, et des cornemuses funéraires. Beaucoup d'humour également et de jeux de questions-réponses caractérisent sa musique ; nombre de pièces sont composées en miroir « Death / Life », « a Question / an Answer ». Il n'hésite pas non plus à demander à jouer en pizz, ou même avec le bois de l'archet, ce qui est la première mention dans l'histoire occidentale du jeu col legno !

 

Il semblerait, à la lecture de ses lettres et pamphlets, qu'il n'eût pas toute sa raison et que son égo fut à l'image de sa musique, débordant. Voici la préface de son premier livre, qui en dit long sur son caractère : 

 

« Je ne cultive guère l'éloquence ni ne fais profession de Musique, bien que j'aime grandement l'esprit et chérisse l'harmonie. Ma carrière ayant été vouée aux Armes, comme le fut mon éducation, c'est vers la Musique que s'est tournée la seule part féminine de moi-même, généreuse car jamais mercenaire.

 

Célébrer la musique vaudrait autant que déclarer : le soleil resplendit. Exalter ma propre personne montrerait la vaine gloire de mes labeurs. Aussi dirai-je seulement : mes ouvrages sont fort éloignés de la servile imitation ; à autrui je ne dérobe nulle invention, ne recours à l'italien pour composer mes airs anglais ni ne pille les chansons pour enfler mes volumes.

 

Ce sont ici Fantaisies de ma façon, exprimées par mon propre Génie ; si elles n'ont l'heur de vous plaire, lecteurs, produisez alors les vôtres - Carpere vel noli nostra, vel ede tua. (...)

 

Et de ce jour, la noble viole de gambe pourra avec aisance rendre une harmonie tout aussi variée et artificieuse que celle du luth. Car j'affirme ici devant la trinité de la musique, savoir parties, passion et diminutions, que celles-ci se trouvent réunies avec autant de grâce dans la viole de gambe que dans l'instrument le mieux reçu qui soit. Voici ce que, avec la résolution d'un soldat, je soumets à l'acceptation de tous les nobles tempéraments. »